labrys, études
féministes/ estudos feministas
janvier /juin 2007 - janeiro / junho 2007
zeila navarro swain
sans date, au grè des émotions
On emporte des pierres
Les veines ouvertes;
S´écoulent la sève
Le sucre
Miel vert
Jus de la terre,
Sang souterrain
Qui arrose
Les racines profondes
Douloureuses
Seules sentinelles
Témoins solitaires
De la rivière puissante.
On emporte les pierres
Car l´amour
Est trop lourd
Pour nos épaules frêles.
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Immobilité
Tendue
Oiseau
Palpitant
Corps
Arc
Souffle
Crinière rose
Rosée sur les cheveux
Matin rose
Rose de ta peau
Les seins de la nuit
Insomne
Rose la lumière
Que j´éteins
Rose l´[ ombre
Er la joie
De t´avoir dans mes bras
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La récolte
Est faite
Le désir a tracé
Ses sillons profonds
Sans la chair du champ
Champ
De graines-larmes
Plein de dalles
Lourdes
De tendresse
Blanches dalles
De joie
La récolte est faite
Le présage
A laissé ses griffes
Sur le champ pâle
Défiguré
Champ épuisé
Meurtri.
Seules les dalles
Pierres muetytes
Chantent
Le miel et le blé
Chevelure d´or.
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Dans le sourire redécouvert
La source pleine
Magie de l´eau
Baptême
Dans les corps qui se touchent
Magie du feu
Encens de bois parfumé
Collines
Ravins
Falaises
Pelouses blanches
La peau
Marque les contours du champ
Enchanté
Où nous courons
Après les cerfs-volants.
Dans le cristal venu du centre
Mystère violet
De la terre
Sol précieux
Sacré
Où nous plongeons
Nos racines
Et nos sèves.
Dans le souffle
Baiser immobile
Echange d´âmes
Source
Chemin
Portail
Puits
Fièvre
Roue de miel
Vie et mort
Semence
Beauté sereine
De l´au delà.
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Boire
Goutte à goutte
La douleur
Vision
Fugitive
D´un vol
A s´éffacer
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plaisir douloureux
de la dernière attente
pluie fine
devant la cheminée
autel d´un feu doux
qui me réchauffe les pieds
plaisir fin
miel doré
à gratter la gorge sèche
douleur
de ce début d´automne
mi-octobre
pluie et neige
la grippe guette
les vieillards repartent
doucement
vers les montagnes enneigées
pour le dernier sommeil
l´esprit de l´automne
guette
les montagnes et les lacs
petit pays
coupe en petites tranches
par des petits bonhommes sérieux
je pars si loin
et je laisse
ici mon coeur
cette nuit encore
cette nuit dans tes bras
nuit de rencontre
pleurs et douceur
veiller ton sommeil
accompagner ton coeur
nuit sans fin
nuit insomne
être ton enfant
et ta mère
descendre au puis
dans tes bras
souterrain mystérieux
où l´esprit de la terra
guette les hommes.
démeter, ceres
proserpine
hécate
du tréfonds
le visage d´Erda:
la mère du monde
offre
ses sages conseils
je réchauffe les pieds
devant cette cheminé
dernière attente
frisson du dernier sourire
du dernier cri
du dernier baiser. (fin années 1970, début 1980)
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c´était dur
le temps du deuil
aujourd´hui
´la vie recommence à repousser :
L´écureuil reprend sa place
Sur le tronc coupé.
La branche fleurie
Est bien tombée.
J´en garde la blessure.
Hier
Je sanglotais dans les rues
Une douleur affreuse me rongeait
Les yeux pleins
Léau souterraine à jaillir
Malgré mon effort
Pour détenir la lame.
Douleur
D´un morceau arraché
D´un morceau fleuri
Jeune branche qui tombait
Coupée
La foudre
Maison de dieu
Je le savais
Je mý croyais préparée
Et pourtant.
Je ne veux plus pleurer
Sur les dalles blanches
Pierres sourdes
Lourdes de joie
Joie blanche
Lourde de mort
Je ne veux plus te voir.
Et je te vois partout.
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sceau rouge
sur la chair blanche
l´éclat
la foudre
on visité ma maison
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Deux fois
Te rencontrer
Deux fois
Si différentes
Et pourtant
Le même amour
La même douleur
La même perte.
Dans le sens
De la nature
Où le sens ?
Pourquoi encore
Cette pierre
Dans ce chemin aride
Tapissé d´ailes
De papillons morts,
De branches fleuries
Et coupées.
Pourquoi
Etouffer ainsi d´amour
N´est-il pas assez pur
Pour voir la lumière ?
T´aimer
Purement
Comme un enfant.
T´aimer comme on aime
La rivière
Qui nous mène loin
T´aimer sans savoir[
Pourquoi.
Comme on respire
Comme on chante
Comme on prie
T´aimer
Puisque le cœur bat
Et tu es là
T´aimer
Parce que c´est comme ça
Te rencontrer
Et à nouveau te perdre
Joie intense
Douleur intense
Encore une fois.
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guerrière
aux cheveux de lune
je sens encore en moi
l´empreinte
de ton corps
dans la ville silencieuse
dernière porte
carrefour d´un monde
inconnu
et pressenti
tu es venue
à l´heure prévue
point blanc
ombre bleue
parmi les dalles sombres
il n´y avait guère
le chant des cloches
dimanche muet
dans la prière du coeur
le désir pressait
de ta pr´[esence
guerrière d´pombr
Le carrefour
Des sept porte
A la fin d´une allée
Parsemée de dalles
Arbres, branches
Statues blanches
Soupirs sans souffle
La rencontre
Et la dernière porte
Ta main incendiait
La mienne
Et le cœur
Et le corps
Dimanche silencieux
Carrefour béni
De tant de portes
Derrière la blanche
Le feu
Derrière la bleue
L´absence
Derrière la rouge
Les larmes.
Encore trois portes
Et, puis
La dernière.
Guerrière
Aux cheveux de lune
Te voir arriver
Sans armure
Le coeur ouvert
A mes pas.
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Dans ce printemps
Les marges de la Seine
Sont pleines
Il y a
Une voix
Douce, chaude
C´est la Seine
Sorcière
Fête forraine
Des étrangères
Les quais de la Seine
Sont pleins
De mes fantasmes
De ma fatigue
J´ai mal aux reins
Et je regarde
Les bateaux pleins
Mouches bavardes
Mes yeux
Ont l´ombre
Des bibliothèques ;
Je décharge
Mes éapules
Du poids
Du psychisme
Des siècles
Et marche
Sur le pont
Des Arts
Vers le Louvre
L´imaginaire
S´écoule
Dense
Sur la danse
Des eaux
Profondes.
–paris, 25/5/77
copyright de l´auteure
réproduction strictement interdite.
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