labrys, études féministes/
estudos feministas
L’arbre-huluppu traduction de Kate Roseà partir d'un livre en anglais, Inanna, Queen of Heaven and Earth de Wolkstein et Kramer.
Dans les premiers jours, dans les tous premiers jours, Dans les premières nuits, dans les toutes premières nuits, Dans les premières années, dans les toutes premières années,
Dans les premiers jours, où tout était créé, Dans les premiers jours, où tout était nourri, Quand le premier pain s’est cuit dans les fours du pays, Et le premier pain goûté dans les maisons du pays, Quand le ciel a quitté la terre, Et la terre s’est retirée du ciel, Et les noms humains, donnés ; Quand le Dieu Céleste, An, a emporté les ciels, Et le Dieu Aérien, Enlil, a emporté la terre, Quand la Reine du Grand Dessous, Ereshkigal, a reçu le domaine du bas-monde,
Il a levé les voiles ; le Père a levé les voiles, Enki, le Dieu de la Sagesse, a levé les voiles pour partir au bas-monde. De petites pierres de vent furent levées contre lui ; De grandes pierres de grêle furent lancées contre lui ; Comme des tortues enragées, Elles ont attaqué la proue du bateau d’Enki. Comme des loups, les eaux de la mer ont avalé la proue du bateau ; Comme des lions, les eaux de la mer ont éclaté la poupe du bateau.
Dans ce temps-là, un arbre, un seul arbre, un arbre-huluppu Poussa sur les rives de l’Euphrate. Le Vent du Sud s’est levé, arrachant ses racines et déchirant ses branches Jusqu’à ce que les eaux de l’Euphrate l’aient emporté.
Une femme qui écouta le Dieu Céleste, An, Qui écouta le Dieu Aérien, Enlil, Souleva l’arbre du fleuve et dit : « J’amènerai cet arbre à Uruk. Je planterai cet arbre dans mon jardin sacré. » De sa main, Inanna soigna l’arbre. De son pied, elle entassa la terre autour de l’arbre. Elle se demanda : « Dans combien de temps m’assoirai-je sur un trône lumineux ? Dans combien de temps me coucherai-je sur un lit lumineux ? »
Les années passent : cinq ans, puis dix ans. Le tronc de l’arbre s’épaissit. Alors un serpent indomptable Fit son nid dans les racines de l’arbre-huluppu. L’oiseau-Anzu installa ses petits dans les branches de l’arbre. Et la sombre demoiselle Lilith construisit son foyer dans le tronc. La jeune femme qui aimait rire pleura. Qu’est-ce qu’elle a pleuré ! (Mais ils restaient toujours dans son arbre !)
Lorsque les oiseaux louèrent l’aube de leur chant, Le Dieu Solaire, Utu, quitta sa chambre royale. Inanna appela son frère Utu : « Ô Utu, les premiers jours où se sont établis les destins, Lorsque l’abondance déborda dans Sumer, Lorsque le Dieu Céleste prit les cieux et le Dieu Aérien la terre, Lorsque Ereshkigal a reçu le domaine du bas-monde, Le Dieu de Sagesse, Père Enki, a levé la voile pour le bas-monde, Et le bas-monde s’est levé et l’attaqua… Un arbre, un seul arbre, un arbre-huluppu Poussa sur les rives de l’Euphrate. Le Vent du Sud tira ses racines et déchira ses branches Jusqu’à ce que les eaux de l’Euphrate l’emportent. J’ai soulevé l’arbre du fleuve ; Je l’ai amené dans mon jardin sacré. J’ai soigné l’arbre, en attendant mon trône et mon lit lumineux.
Mais ensuite, un serpent indomptable Fit son nid dans les racines de l’arbre, L’oiseau-Anzu installa ses petits dans les branches de l’arbre, Et la sombre demoiselle Lilith construisit son foyer dans le tronc. J’ai pleuré. Qu’est-ce que j’ai pleuré ! (Mais ils ne quittent toujours pas mon arbre !) »
Utu, le vaillant guerrier, Utu, Refusa d’aider Inanna sa sœur.
Alors que les oiseaux chantaient la deuxième aube, Inanna appela son frère Gilgamesh : « Ô Gilgamesh, lors des jours où se sont établis les destins, Lorsque l’abondance déborda dans Sumer, Lorsque le Dieu Céleste prit les cieux et le Dieu Aérien la terre, Lorsque Ereshkigal a reçu le domaine du bas-monde, Le Dieu de Sagesse, Père Enki, a levé la voile pour le bas-monde, Et que le bas-monde s’est levé et l’attaqua… Un arbre, un seul arbre, un arbre-huluppu Poussa sur les rives de l’Euphrate. Le Vent du Sud creusa ses racines et déchira ses branches Jusqu’à ce que les eaux de l’Euphrate l’emportent. J’ai soulevé l’arbre du fleuve ; Je l’ai amené dans mon jardin sacré. J’ai soigné l’arbre, en attendant mon trône et mon lit lumineux.
Mais ensuite, un serpent indomptable Fit son nid dans les racines de l’arbre, L’oiseau-Anzu installa ses petits dans les branches de l’arbre, Et la sombre demoiselle Lilith construisit son foyer dans le tronc. J’ai pleuré. Qu’est-ce que j’ai pleuré ! (Mais ils ne quittèrent toujours pas mon arbre !) »
Gilgamesh, le vaillant guerrier, Gilgamesh, Le héros d’Uruk, s’est mis du côté d’Inanna. Gilgamesh mit alors sa grande armure de cinquante minass. Sur lui, les cinquante minas pesaient comme cinquante plumes. Il épaula sa hache en bronze, la hache qui dégage la voie, Pesant sept minas et sept talents. Il entra dans le jardin sacré d’Inanna.
Gilgamesh frappa le serpent indomptable. L’oiseau-Anzu avec ses petits s’envola vers les montagnes ; Et Lilith fracassa son foyer et s’échappa vers les lieux sauvages et inhabités. Alors Gilgamesh dégagea les racines de l’arbre-huluppu ; Et les fils de la ville, qui l’ont accompagné, élaguèrent les branches.
Du tronc de l’arbre il tailla un trône pour sa sœur. Du tronc de l’arbre Gilgamesh tailla un lit pour Inanna. Des racines de l’arbre, elle façonna un pukku pour son frère. De la cime de l’arbre Inanna façonna un mikku pour Gilgamesh, le héros d’Uruk.
Inanna et le Dieu de Sagesse
Inanna, Reine des Planes, se couronne de la shugurra. Elle va au pâturage, elle va voir le berger. En route, elle se repose contre un pommier. Adossée contre le pommier, Inanna dévoile sa vulve majestueuse. Se réjouissant de la majesté de sa vulve, la jeune femme s’applaudit.
Elle dit : « Moi, la Reine du Ciel, rendrai visite au Dieu de Sagesse. J’irai à Abzu, lieu sacré. À Abzu, j’honorerai Enki, Dieu de Sagesse. Aux eaux pures et profondes, je prononcerai une prière. »
Seule, Inanna s’est mise en route. Proche d’Abzu, Celui des oreilles grandes ouvertes, Qui connaît les mé, lois sacrées de Ciel et de Terre, Qui connaît le cœur des dieux, Enki, Dieu de Sagesse, omniscient Appela son serviteur Isimud : « Viens, mon sukkal, La jeune femme va entrer à Abzu. Lorsqu’Inanna entrera dans le lieu sacré Offre-lui du gâteau au beurre pour manger. Verse de l’eau fraîche pour raviver son cœur. Propose-lui de la bière devant la statue du lion. Traite-la comme une égale. Accueille Inanna à la table sacrée, la table du paradis. »
Isimud écouta les mots d’Enki. Lorsqu’Inanna entra à Abzu, Il offrit du gâteau au beurre pour qu’elle se nourrisse. Il versa de l’eau fraîche pour qu’elle boive. Il lui proposa de la bière devant la statue du lion. Il l’a traitée avec respect. Il accueillit Inanna à la table sacrée, la table du paradis. Enki et Inanna ont bu ensemble de la bière. Ils ont bu ensemble plus de bière. Ils ont bu ensemble de plus en plus de bière. Ils se sont provoqués, ils se sont mis au défi. Avec leurs coupes en bronze débordantes, Avec les coupes d’Urash, Mère de la Terre, Ils ont levé leur verre l’un à l’autre. Chancelant, Enki leva son verre à Inanna : « Au nom de mon pouvoir ! Au nom de mon lieu sacré ! À ma fille Inanna je donnerai La prêtrise ! La divinité ! La couronne noble et éternelle ! Le trône royal ! »
Inanna répliqua : « Je les prends ! »
De nouveau, Enki leva son verre à Inanna : « Au nom de mon pouvoir ! Au nom de mon lieu sacré ! À ma fille Inanna je donnerai : Vérité ! Descente au bas-monde ! Ascension du bas-monde ! L’art de faire l’amour ! L’art d’embrasser le phallus ! »
Inanna répliqua : « Je les prends ! »
Enki leva une troisième fois son verre à Inanna : « Au nom de mon pouvoir ! Au nom de mon lieu sacré ! À ma fille Inanna je donnerai : La sainte prêtresse du ciel ! Les rites du deuil ! Les réjouissances du cœur ! Le don des conseils ! La prise de décisions !
Inanna répliqua : « Je les prends ! »
(Quatorze fois Enki leva son verre à Inanna. Quatorze fois il offrit à sa fille cinq mé, six mé, sept mé… Quatorze fois Inanna accepta les mé sacrées.)
Alors Inanna, debout devant son père, rappela les mé qu’Enki lui a données :
« Mon père m’a donné les mé : Il m’a donné la grande prêtrise. Il m’a donné la divinité. Il m’a donné la couronne noble, éternelle. Il m’a donné le trône royal.
Il m’a donné le noble sceptre. Il m’a donné le bâton. Il m’a donné la perche et la ligne. Il m’a donné le grand trône. Il m’a donné l’élevage de moutons. Il m’a donné le règne.
Il m’a donné la prêtresse princesse. Il m’a donné la divine reine prêtresse. Il m’a donné le prêtre des incantations. Il m’a donné le prêtre noble. Il m’a donné le prêtre des libations.
Il m’a donné la vérité. Il m’a donné la descente au bas-monde. Il m’a donné la remontée du bas-monde. Il m’a donné le kurgarra.
Il m’a donné le poignard et l’épée. Il m’a donné le vêtement noir. Il m’a donné le vêtement coloré. Il m’a donné les cheveux noués. Il m’a donné les cheveux dénoués.
Il m’a donné l’étendard. Il m’a donné le carquois. Il m’a donné l’art de faire l’amour. Il m’a donné l’embrassade du phallus. Il m’a donné l’art de la séduction. Il m’a donné l’art de la rapidité.
Il m’a donné l’art de la parole franche. Il m’a donné l’art de la parole rusée. Il m’a donné l’art de la parole ornée. Il m’a donné la prêtresse de l’amour. Il m’a donné la taverne sacrée.
Il m’a donné l’autel sacré. Il m’a donné la sainte prêtresse du ciel. Il m’a donné l’instrument de musique résonnant. Il m’a donné l’art de la chanson. Il m’a donné l’art des anciens.
Il m’a donné l’art du héros. Il m’a donné l’art du pouvoir. Il m’a donné l’art de la candeur. Il m’a donné l’art de la traîtrise. Il m’a donné le pillage des villes. Il m’a donné les rites funèbres. Il m’a donné la réjouissance du cœur.
Il m’a donné la déception. Il m’a donné le pays en rébellion. Il m’a donné l’art de la tendresse. Il m’a donné le voyage. Il m’a donné la demeure sacrée.
Il m’a donné le métier du menuiser. Il m’a donné le métier du cuivre. Il m’a donné le métier du scribe. Il m’a donné le métier du forgeron. Il m’a donné le métier de la maroquinière. Il m’a donné le métier de la tisserande. Il m’a donné le métier de la bâtisseuse. Il m’a donné le métier de la vannière.
Il m’a donné l’oreille perspicace. Il m’a donné le pouvoir de l’attention. Il m’a donné les rites sacrés de la purification. Il m’a donné l’enclos où s’alimentent les bêtes. Il m’a donné les braises chaudes entassées. Il m’a donné la bergerie. Il m’a donné la peur. Il m’a donné la consternation. Il m’a donné la déception.
Il m’a donné le lion aux dents meurtrières. Il m’a donné l’allumage du feu. Il m’a donné l’éteinte du feu. Il m’a donné le bras las. Il m’a donné la famille assemblée. Il m’a donné la procréation.
Il m’a donné les points de désaccord. Il m’a donné le conseil. Il m’a donné le soulagement du cœur. . Il m’a donné l’art de prononcer. Il m’a donné la prise de décisions. »
Titubant encore d’ivresse, Enki parla à son serviteur Isimud : « Isimud, mon sukkul — Cette jeune femme – est prête à partir – pour Uruk. Je lui souhaite — d’y arriver — saine et sauve. »
Inanna rassembla toutes les mé, Les plaça sur le Bateau du Ciel. Alors le Bateau du Ciel quitta le quai.
Quand la bière a quitté celui qui l’a bue, Quand la bière a quitté Père Enki, Quand la bière a quitté le grand Dieu de Sagesse, Enki regarda autour de lui. Il appela son serviteur Isimud : « Mon sukkal, Isimud — »
« Mon roi, Enki, je suis à votre service. »
« La grande prêtrise ? La divinité ? La couronne noble et éternelle ? Où sont-elles ? »
« Mon roi les a données à sa fille. »
« L’art du héros ? L’art du pouvoir ? Déception ? Tromperie ? Où sont-elles ? »
« Mon roi les a données à sa fille. »
« L’oreille perspicace ? Le pouvoir de l’attention ? La prise de décisions ? Où sont elles ? »
« Mon roi les a données à sa fille. »
(Quatorze fois Enki interrogea Isimud son serviteur ; Quatorze fois Isimud répondit : « Mon roi les a données à sa fille. Mon roi a donné toutes les mé à sa fille Inanna. »)
Alors Enki prit la parole : « Isimud, le Bateau du Ciel, avec les mé sacrées, Où est-il maintenant ? »
« Le Bateau du Ciel est à 500 lieux d’Eridu. »
« Va ! Appelle les créatures-enkum Ordonne-leur de ramener à Eridu le Bateau du Ciel ! »
Isimud dit à Inanna : « Ma reine, votre père m’a envoyé. Les paroles de votre père sont les paroles de l’État. Elles doivent être obéies. »
Inanna répondit : « Qu’a dit mon père ? Qu’a dit Enki de plus ? Quelles sont ses paroles de l’État qui doivent être obéies ? »
Isimud expliqua : « Mon roi a dit : ‘Qu’Inanna continue vers Uruk ! Mais ramène à Eridu le Bateau du Ciel avec les mé sacrées.’ »
Inanna cria : « Mon père a changé sa parole envers moi ! Il a violé son vœu, rompu sa promesse ! Avec tromperie mon père m’a parlé ! Avec tromperie il a crié : ‘Au nom de mon pouvoir ! Au nom de mon lieu sacré !’ Avec tromperie il t’a envoyé vers moi ! » Inanna vient de prononcer ces paroles Alors que les sauvages créatures-enkum saisissent le Bateau du Ciel.
Inanna appelle sa servante Ninshubar : « Viens, Ninshubar, Fidèle servante du saint autel d’Uruk, Jadis Reine de l’Est. L’eau n’a pas mouillé ta main, L’eau n’a pas mouillé ton pied. Mon sukkal qui m’offre de sages conseils, Ma guerrière qui se bat à mes côtés, Sauve le Bateau du Ciel avec les mé sacrées ! »
Ninshubar trancha l’air de sa main. Elle cria à rompre la terre. Les créatures-enkum furent renvoyées à Eridu.
Enki appela alors son serviteur Isimud une deuxième fois : « Isimud, mon sukkal — »
« Mon roi Enki, je suis à votre service. »
« Où est le Bateau du Ciel maintenant ? »
« Il est à un kilomètre d’Eridu. »
« Va ! Appelle les cinquante géants-uru, Qu’ils rapportent le Bateau du Ciel ! »
Les cinquante géants-uru volants ont saisi le Bateau du Ciel. Mais Ninshubar secourut le bateau pour Inanna.
Enki appela une troisième fois son serviteur Isimud : « Isimud, mon sukkal — »
« Mon roi Enki, je suis à votre service. »
« Maintenant, où se trouve le Bateau du Ciel ? »
« Il vient d’arriver à Dulma. »
« Vite ! Appelle les cinquante monstres-lahama, Qu’ils rapportent le Bateau du Ciel ! »
Les cinquante monstres-lahama ont saisi le Bateau du Ciel. Mais Ninshubar secourut le bateau pour Inanna.
La quatrième fois, Enki envoya le kugalgal au son perçant. La cinquième fois, Enki envoya les enunun. Mais chaque fois Ninshubar secourut le bateau pour Inanna. Enki appela son serviteur Isimud une sixième fois : « Isimud, mon sukkal — »
« Mon roi Enki, je suis à votre service. »
« Maintenant, où se trouve le Bateau du Ciel ? »
« Il va entrer dans Uruk. »
« Vite ! Appelle les gardiens du Canal d’Iturungal, Qu’ils rapportent le Bateau du Ciel ! »
Isimud et les gardiens du Canal d’Iturungal ont saisi le Bateau du Ciel, Mais Ninshubar secourut le bateau pour Inanna.
Ninshubar conseilla Inanna : « Ma reine, lorsque le Bateau du Ciel Accostera à la porte d’Uruk, Laisse l’eau monter et purifier notre ville, Et amener prestement les bateaux des eaux profondes. »
Inanna répondit : « Le jour où le Bateau du Ciel Accostera à la porte d’Uruk, La montée de l’eau balayera les rues ; La montée de l’eau lavera les sentiers. Les vieux sages donneront conseil ; Les vieilles femmes offriront le soulagement du cœur. Les jeunes hommes montreront la force de leurs bras ; Les petits enfants riront et chanteront. Je veux une grande fête ! Les chants du grand prêtre accueilleront le Bateau du Ciel. Il prononcera de belles louanges. Le roi sacrifiera des bœufs et des moutons. Il déversera de la bière. Le tambour et le tambourin résonneront. La douce musique-tigi sera jouée. La majesté de mon nom sera entendue par monts et par vallées. En chantant, le peuple me louera ! »
Et il en fut ainsi. Le jour où le Bateau du Ciel accosta à la porte d’Uruk, La montée de l’eau balaya les rues ; La montée de l’eau se déversa sur les sentiers. Le Bateau du Ciel s’arrêta à l’autel sacré d’Uruk ; Le Bateau du Ciel s’arrêta à la demeure sacrée d’Inanna.
Enki appela alors Isimud son serviteur une septième fois : « Isimud, mon sukkal— »
« Mon roi Enki, je suis à votre service. »
« Où est le Bateau du Ciel ? »
« Le Bateau du Ciel est au Quai Blanc. »
« Va ! Elle a ensorcelé les gens. Au Quai Blanc, tout le monde est sidéré. Inanna, avec son Bateau du Ciel, les a ébahi ! »
Inanna était en train de déballer les mé célestes. La reine présenta les mé au peuple de Sumer.
Les mé données par Enki attirèrent d’autres mé. Et ces mé furent également annoncées, Et présentées au peuple d’Uruk : « Inanna a apporté les mé : Elle a apporté le dévoilement. Elle a apporté l’allure. Elle a apporté l’art des femmes. Elle a apporté l’exécution parfaite des mé. Elle a apporté les tambours tigi et lilis. Elle a apporté les tambourins ub, mèze et ala… »
Inanna dit : « Là où le Bateau du Ciel s’est atterri, Sera nommé Le Quai Blanc, Là où les mé sacrées ont été présentées, Je nommerai Le Quai du Lapis-lazuli. »
Enki concéda enfin : « Au nom de mon pouvoir ! Au nom de mon autel sacré ! Que les mé que tu as prises avec toi restent sur l’autel sacré de ta ville. Que le grand prêtre passe ses jours à chanter dans le lieu sacré. Que les citoyens de votre ville soient prospères, Que les enfants d’Uruk se réjouissent. Que le peuple d’Uruk soit l’allié du peuple d’Eridu. Que la ville d’Uruk soit restaurée dans sa grandeur. »
Les amours d’Inanna et Dumuzi
Le frère dit à sa sœur cadette, Utu, le Dieu Solaire, dit à Inanna : « Jeune femme, c’est beau le lin dans sa plénitude. Inanna, la graine scintille dans son sillon. Je le binerai pour toi. Je te l’apporterai. On a toujours besoin d’un morceau de lin, grand ou petit. Inanna, je te l’apporterai. »
« Frère, une fois que tu m’apportes le lin, Qui me le démêlera ? »
« Sœur, je te l’apporte démêlé. »
« Utu, tu me l’apportes démêlé, Mais qui le filera pour moi ? »
« Inanna, je te l’apporte filé. »
« Frère, tu me l’apportes filé, Mais qui le nattera pour moi ? »
« Sœur, je te l’apporte natté. »
« Utu, tu me l’apportes natté, Mais qui le ourdira pour moi ? »
« Inanna, je te l’apporte ourdi. »
« Frère, tu me l’apportes ourdi, Mais qui me le tissera ? »
« Sœur, je te l’apporte tissé. »
« Utu, tu me l’apportes tissé, Mais qui me le blanchira ? »
« Inanna, je te l’apporte blanchi. »
« Frère, une fois que tu m’apportes mon drap nuptial, Qui couchera avec moi ? Utu, qui couchera avec moi ? »
« Sœur, ton jeune marié couchera avec toi. Lui qui est né d’un ventre fertile, Lui qui était conçu sur le trône du mariage sacré, Dumuzi, le berger ! Il couchera avec toi. »
Inanna protesta : « Non, mon frère ! L’homme de mon cœur travaille à la houe. L’agriculteur ! C’est lui l’homme de mon cœur ! Il ramasse les graines en gros tas. Grâce à lui, mes greniers sont toujours bien remplis. »
Utu dit : « Sœur, épouse le berger. Pourquoi ne veux-tu pas ? Sa crème est bonne ; son lait est bon. Tout ce qu’il touche s’allume et rayonne. Inanna, épouse Dumuzi.
Toi qui te vêts du collier d’agate de la fertilité, Pourquoi ne veux-tu pas ? Dumuzi partagera sa riche crème avec toi. Toi qui est censée être la protectrice du roi, Pourquoi ne veux-tu pas ? »
Inanna dit : « Le berger ! Je n’épouserai pas le berger ! Ses habits sont rustres ; sa laine est rêche. J’épouserai l’agriculteur. L’agriculteur fait pousser du lin pour mes habits. L’agriculteur fait pousser de l’orge pour ma table. »
Dumuzi dit : « Pourquoi parles-tu de l’agriculteur ? Pourquoi parles-tu de lui ? S’il te donne de la farine noire, Je te donnerai de la laine noire. S’il te donne de la farine blanche, Je te donnerai de la laine blanche. S’il te donne de la bière, Je te donnerai du lait doux. S’il te donne du pain, Je te donnerai du fromage au miel. Je donnerai à l’agriculteur les restes de ma crème. Je donnerai à l’agriculteur les restes de mon lait. Pourquoi parles-tu de l’agriculteur ? Qu’a-t-il de plus que moi ? »
Inanna dit : « Berger, sans ma mère Ningal, tu serais renvoyé, Sans ma grand-mère Ningikuga, tu serais renvoyé aux steppes, Sans mon père Nanna, tu n’aurais pas de toit, Sans mon frère Utu — »
Dumuzi dit : « Inanna, voyons, n’entame pas une querelle. Mon père Enki est aussi bon que ton père Nanna. Ma mère Sirtur est aussi bonne que ta mère Ningal. Ma sœur Geshtinanna est aussi bonne que la tienne. Reine du palais, qu’on se parle ! »
Inanna, qu’on s’assoie et qu’on se parle : Je suis aussi bon qu’Utu. Enki est aussi bon que Nanna. Sirtur est aussi bonne que Ningal. Reine du palais, qu’on se parle ! »
Leurs paroles Furent des paroles de désir. Du début d’une querelle Jaillit le désir des amants.
Le berger alla dans le foyer royal en apportant de la crème. Dumuzi alla dans le foyer royal avec du lait. Devant la porte, il cria : « Ouvre la maison, Ma Dame, ouvre la maison ! »
Inanna courut vers Ningal, la mère qui l’a portée. Ningal conseilla sa fille : « Mon enfant, le jeune homme sera ton père. Ma fille, le jeune homme sera ta mère. Il aura pour toi le respect d’un père. Il aura pour toi les attentions d’une mère. Ouvre la maison, Jeune Femme, ouvre la maison ! »
Inanna, suivant les conseils de sa mère, Se baigna et s’est ointe d’huiles parfumées. Elle ramassa ses possessions. Elle couvrit son corps de la blanche robe royale. Elle mit ses perles précieuses en lapis-lazuli autour du cou. Elle prit son sceau dans la main.
Dumuzi attendit avec fièvre. Inanna lui ouvre la porte. Elle rayonne devant lui Comme la lune éclatante.
Ému, Dumuzi la regarde. Il appuie son cou près du sien. Il l’embrasse.
Inanna proclame : « Ce que je te dis Que le chanteur le tisse en chansons. Ce que je te dis, Que ça coule de bouche à oreille, Que ça coule du vieux au jeune : Ma vulve, la corne, Le Bateau du Ciel, Est comme une jeune lune ardente. Ma terre est en friche, sauvage, non creusée.
Moi, Inanna, Qui creusera ma vulve ? Qui creusera la hauteur de mon champ ? Qui creusera ma terre humide ?
Moi, la jeune femme, Qui creusera ma vulve ? Qui stationnera le buffle ? Qui creusera ma vulve ? »
Dumuzi répond : « Grande Dame, le roi creusera ta vulve. Moi, Dumuzi le Roi, creuserai ta vulve. »
Inanna : « Creuse alors, homme de mon cœur ! Creuse ma vulve ! »
Sur les genoux du roi un cèdre s’élève Entouré de hautes plantes, Entouré de hautes graines. Les jardins fleurissent luxurieusement.
Inanna chante : « Il a germé, il a bourgeonné ; Il est la laitue que l’eau a plantée. Il est celui que mon ventre choisit d’aimer.
Mon jardin bien rempli de la plaine, Mon orge haut dans son sillon, Mon pommier porteur de fruits jusqu’à la couronne, Il est la laitue que l’eau a plantée.
Mon homme de miel, mon homme de miel qui m’adoucit toujours. Mon seigneur, mon homme de miel des dieux, Il est celui que mon ventre choisit d’aimer. Sa main est miel, son pied est miel, Il m’adoucit toujours.
Impulsif et avide caresseur du nombril, Caresseur de la mollesse des cuisses, Il est celui que mon ventre choisit d’aimer.
Il est la laitue que l’eau a plantée. »
Dumuzi chante : « Ô Dame, tes seins, quel beau champ. Inanna, tes seins sont un champ ravissant. Ton vaste champ abonde de plantes. Ton vaste champ abonde de graines. L’eau déborde d’en haut pour ton serviteur. Ton nectar déborde d’en haut pour ton roi. Déverse-le pour moi, Inanna. Je boirai tout ce que tu donnes. »
Inanna chante : « Mon jeune marié, fais-moi boire ton lait abondant. Mon berger, je boirai ta douce crème. Taureau sauvage, je boirai ta crème douce et abondante.
Mon homme, ma bergerie sera pour toi. Je surveillerai ton lieu sacré, ton grenier, Le lieu lumineux qui fait réjouir tout Sumer – Le lieu qui décide le destin du pays, Le lieu qui donne le souffle de vie au peuple. Moi, reine du palais, je surveillerai ton lieu sacré. »
Dumuzi dit : Ma sœur, j’irai avec toi dans mon jardin. Inanna, j’irai avec toi dans mon jardin. J’irai avec toi dans mon verger. J’irai avec toi sous mon pommier. Là, je planterai la graine douce enrobée de miel. »
Inanna dit : Il m’a amenée dans son jardin. Mon frère, Dumuzi, m’a conduite dans son jardin. J’ai flâné avec lui parmi les grands arbres, On s’est tenu en silence parmi les petits arbres, Auprès d’un pommier, je me suis agenouillée selon la coutume. Devant mon frère qui jouit en chantant, Qui s’élève vers moi sous les feuilles de peuplier, Qui vient vers moi dans la chaleur de midi, Devant mon seigneur Dumuzi, De mon ventre, j’ai versé des plantes. J’ai placé devant lui les plantes, J’ai versé devant lui des plantes. J’ai placé devant lui de la graine, J’ai versé devant lui de la graine. De mon ventre, j’ai versé de la graine. »
Inanna chante : « Hier soir lorsque moi, la reine, rayonnais brillamment, Hier soir lorsque moi, la Reine du Ciel rayonnais brillamment, Lorsque je rayonnais brillamment et que je dansais, Chantant des louanges de l’avènement de la nuit –
Il est venu vers moi – il est venu vers moi ! Mon seigneur Dumuzi est venu vers moi. Il mit sa main dans ma main. Il serra son cou contre le mien.
Mon grand prêtre est prêt pour la vulve sacrée. Mon seigneur Dumuzi est prêt pour la vulve sacrée. Les plantes et les herbes dans son champ abondent. Ô Dumuzi ! Ta plénitude est mon plaisir ! »
Elle l’a réclamé alors, elle l’a réclamé, elle a réclamé le lit ! Elle a réclamé le lit du cœur joyeux. Elle a réclamé le lit de la vulve adoucie. Elle a réclamé un lit de roi. Elle a réclamé un lit de reine. Inanna a réclamé le lit : « Fais-moi le lit qui réjouit le cœur ! Fais-moi le lit qui enflamme le sexe ! Fais-moi le lit de roi ! Fais-moi le lit de reine ! Fais moi le lit royal ! »
Inanna étendit le drap nuptial sur le lit. Elle appela le roi : « Le lit est prêt ! » Elle appela son jeune marié : « Le lit t’attend ! »
Il mit sa main dans sa main. Il mit sa main à son cœur. Doux, le sommeil de main à main. Plus doux encore, le sommeil de cœur à cœur.
Inanna dit : « Je me suis lavée pour le taureau sauvage, Je me suis lavée pour Dumuzi le berger, J’ai parfumé mes flancs de pommade, J’ai embaumé ma bouche d’ambre épicé, J’ai peint mes yeux de khôl.
Ses fins doigts ont enserré ma vulve, Dumuzi le berger a déversé sur mes genoux sa crème et son lait, Il a caressé mes poils pubiens, Il a arrosé mon ventre. Il a mis sa main sur ma vulve sacrée, Il a lissé de sa crème mon bateau noir, Il a stimulé de son lait mon bateau étroit, Il m’a câlinée sur le lit.
Maintenant c’est à moi de câliner sur le lit mon grand prêtre, Je caresserai Dumuzi le berger fidèle, Je caresserai son sexe, bergerie du royaume, Je lui décréterai un doux destin. »
La Reine du Ciel, La femme héroïque, plus grande encore que sa mère, À qui Enki a présenté les mé, Inanna, Première Fille de la Lune, Décréta le destin de Dumuzi : « Dans la bataille je suis ton leader, Dans le combat je suis ton porte-armure, Dans l’assemblée je suis ton avocate, Dans la gouvernance je suis ton inspiration. Toi, berger choisi de l’autel sacré, Toi, le roi, fidèle serviteur d’Uruk, Toi, la lumière du grand autel d’An, En toute chose tu es méritant :
Pour t’adresser au peuple, la tête haute, Pour t’asseoir sur le trône de lapis-lazuli, Pour porter sur ta tête la couronne sacrée, Pour porter sur ton corps de longues robes, Pour tenir les engagements des habits royaux, Pour porter la masse et l’épée, Pour tirer droit la longue flèche de l’arc, Pour attacher à tes côtés la lance et la fronde. Pour courir en portant à la main le sceptre sacré, Et les sandales sacrées à tes pieds, Pour caracoler sur mes seins sacrés comme un vœu en lapis lazuli. Toi, le sprinteur, le berger choisi, Tu es méritant en toute chose. Que ton cœur jouisse d’une longue vie.
Ce qu’An a déterminé pour toi — que ce soit inaltérable. Ce qu’Enlil t’a accordé – que ce soit éternel. Tu es le préféré de Ningal. Inanna te chérit. »
Ninshubar, servante fidèle de l’autel sacré, Conduit Dumuzi aux douces cuisses d’Inanna : « Ma reine, voici le choix de ton cœur, Le roi, ton jeune marié chéri. Qu’il passe de longues journées dans la douceur de ta vulve sacrée. Accorde-lui un règne propice et glorieux. Accorde-lui le trône de roi, ferme sur son socle. Accorde-lui le bâton du jugement. Accorde-lui la couronne éternelle avec le diadème royal et brillant.
De là où se lève le soleil jusque’à là où se couche le soleil, Du sud au nord, De la Mer Haute à la Mer Basse, Du pays de l’arbre-huluppu au pays du cèdre, Que son bâton protège tout Sumer et tout Akkad.
En tant qu’agriculteur, qu’il féconde les champs, En tant que berger, qu’il multiplie les troupeaux, Que son règne donne une luxuriante végétation, Que son règne donne une abondance de graines.
Que chantent les poissons et les oiseaux du marais ! Que les roseaux jeunes et vieux poussent haut, Que les arbres-mashgur des steppes poussent haut, Que les cerfs et les chèvres se multiplient dans les forêts, Que les vergers débordent de miel et de vin, Que la laitue et le cresson abondent dans les jardins, Que la vie dure de longues années. Que le Tigre et l’Euphrate aient l’eau pour déborder, Que les plantes poussent haut sur leurs rives et remplissent les prés, Que la Déesse de la Végétation entasse des monceaux de graines.
Ô ma Reine du Paradis et de la Terre, Reine de tout l’univers, Qu’il se réjouisse de longues journées dans la douceur de ta vulve. »
Le roi est allé la tête haute à la vulve sacrée. Il est allé la tête haute vers la vulve sacrée d’Inanna. Il est allé vers la reine la tête haute. Il ouvre grand ses bras à la sainte prêtresse du paradis.
Inanna raconte : « Mon bien-aimé, réjouissance de mes yeux, est venu vers moi. Réunis, nous nous sommes réjouis. Il a pris plaisir de moi. Il m’a amenée chez lui.
Il m’a fait allonger sur le lit-de-miel parfumé. Mon doux amour, allongé près de mon sein, Jeu-de-langue, un par un, Cinquante fois l’a fait mon beau Dumuzi.
Maintenant, mon doux amour repu. Maintenant il dit : ‘Libère-moi, ma sœur, libère-moi. Tu seras une petite fille pour mon père. Viens, sœur aimée, j’irai au palais. Libère-moi…’ »
Inanna dit : « Mon porteur de bourgeons, ton allure est douce ! Mon porteur de bourgeons dans le verger, Mon porteur de fruits dans le verger, Dumuzi-abzu, quelle douce allure !
Mon audacieux, Ma sainte statue, Ma statue ornée d’épée et de diadème en lapis-lazuli, Quelle douce allure… »
Dans l’assemblée je suis ton avocate, Dans la gouvernance je suis ton inspiration. Toi, berger choisi de l’autel sacré, Toi, le roi, fidèle serviteur d’Uruk, Toi, la lumière du grand autel d’An, En toute chose tu es méritant :
Pour t’adresser au peuple, la tête haute, Pour t’asseoir sur le trône de lapis-lazuli, Pour porter sur ta tête la couronne sacrée, Pour porter sur ton corps de longues robes, Pour tenir les engagements des habits royaux, Pour porter la masse et l’épée, Pour tirer droit la longue flèche de l’arc, Pour attacher à tes côtés la lance et la fronde. Pour courir en portant à la main le sceptre sacré, Et les sandales sacrées à tes pieds, Pour caracoler sur mes seins sacrés comme un vœu en lapis lazuli. Toi, le sprinteur, le berger choisi, Tu es méritant en toute chose. Que ton cœur jouisse d’une longue vie.
Ce qu’An a déterminé pour toi — que ce soit inaltérable. Ce qu’Enlil t’a accordé – que ce soit éternel. Tu es le préféré de Ningal. Inanna te chérit. »
Ninshubar, servante fidèle de l’autel sacré, Conduit Dumuzi aux douces cuisses d’Inanna : « Ma reine, voici le choix de ton cœur, Le roi, ton jeune marié chéri. Qu’il passe de longues journées dans la douceur de ta vulve sacrée. Accorde-lui un règne propice et glorieux. Accorde-lui le trône de roi, ferme sur son socle. Accorde-lui le bâton du jugement. Accorde-lui la couronne éternelle avec le diadème royal et brillant.
De là où se lève le soleil jusque’à là où se couche le soleil, Du sud au nord, De la Mer Haute à la Mer Basse, Du pays de l’arbre-huluppu au pays du cèdre, Que son bâton protège tout Sumer et tout Akkad.
En tant qu’agriculteur, qu’il féconde les champs, En tant que berger, qu’il multiplie les troupeaux, Que son règne donne une luxuriante végétation, Que son règne donne une abondance de graines.
Que chantent les poissons et les oiseaux du marais ! Que les roseaux jeunes et vieux poussent haut, Que les arbres-mashgur des steppes poussent haut, Que les cerfs et les chèvres se multiplient dans les forêts, Que les vergers débordent de miel et de vin, Que la laitue et le cresson abondent dans les jardins, Que la vie dure de longues années. Que le Tigre et l’Euphrate aient l’eau pour déborder, Que les plantes poussent haut sur leurs rives et remplissent les prés, Que la Déesse de la Végétation entasse des monceaux de graines.
Ô ma Reine du Paradis et de la Terre, Reine de tout l’univers, Qu’il se réjouisse de longues journées dans la douceur de ta vulve. »
Le roi est allé la tête haute à la vulve sacrée. Il est allé la tête haute vers la vulve sacrée d’Inanna. Il est allé vers la reine la tête haute. Il ouvre grand ses bras à la sainte prêtresse du paradis.
Inanna raconte : « Mon bien-aimé, réjouissance de mes yeux, est venu vers moi. Réunis, nous nous sommes réjouis. Il a pris plaisir de moi. Il m’a amenée chez lui.
Il m’a fait allonger sur le lit-de-miel parfumé. Mon doux amour, allongé près de mon sein, Jeu-de-langue, un par un, Cinquante fois l’a fait mon beau Dumuzi.
Maintenant, mon doux amour repu. Maintenant il dit : ‘Libère-moi, ma sœur, libère-moi. Tu seras une petite fille pour mon père. Viens, sœur aimée, j’irai au palais. Libère-moi…’ »
Inanna dit : « Mon porteur de bourgeons, ton allure est douce ! Mon porteur de bourgeons dans le verger, Mon porteur de fruits dans le verger, Dumuzi-abzu, quelle douce allure !
Mon audacieux, Ma sainte statue, Ma statue ornée d’épée et de diadème en lapis-lazuli, Quelle douce allure… »
labrys, études féministes/
estudos feministas
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