Labrys SPORT ET SPECTACLE DES CORPS FÉMININSSilvana Vilodre Goellner Traduction : Marie-France Dépêche RésuméNous nous proposons ici, de discuter comment les corps
féminins deviennent des spectacles dans le sport. Nous analyserons l´insertion
féminine dans ce domaine, à Mots-Clefs : corps, femme, sport. Dans notre culture contemporaine, le fait d´utiliser les corps féminins comme spectacle est devenu chose commune dans plusieurs instances culturelles comme les magazines , les publicités en tout genre, les programmes télévisés ou de cinéma…On les rencontre également dans les rues, les centres de conditionnement physique, les spas, les plages, les shopping-centers et autres terrains sportifs. Il est possible d´identifier, que ce soit là ou ailleurs, un processus éducatif, tant de celui qui regarde, que de celle qui est ou se sent comme le spectacle. En fait, il y a eu et il y a encore beaucoup de discours qui préconisent l´éducation du corps féminin, afin qu´il attire sur lui le regard de l´autre. Et sous sa forme contemporaine, le sport en est un phénomène très proche. Ces discours constituent une instance pédagogique qui produit des corps pour le spectacle, grâce à des exhibitions et des présentations toujours plus pointues, qu´il s´agisse de corps généralement reconnus comme parfaits, ou bien encore lorsqu´on tente associer la pratique sportive à la santé et à la beauté. Tout ceci se traduit par un espace d´affirmation d´un corps minutieusement construit et désiré, étant donné les images positives qui y sont associées, de beauté, de puissance, de plasticité, de productivité et d´exubérance. Souvenons-nous ici, qu´un corps n´est pas seulement un corps, et ce que l´on en perçoit ; il est aussi ce que l´on en dit. Il est nécessaire de réaliser que l´éducation et la spectacularisation du corps féminin, dans et par le sport, signifie qu´on met en branle la tension qui s´établit entre l´encouragement et la répression auprès des femmes, à niveau individuel et social . En effet, tout au long des siècles, différents conseils, prescriptions et recommandations se sont fait jour, qui tour à tour, leur ont recommandé de transgresser certains codes culturels et sexuels acceptés comme « naturels » ou bien leur ont interdit toute action dite osée. Il est certain que la pratique sportive féminine n´a rien
d´une nouveauté, ni en ce siècle, ni au cours du siècle passé, mais ce
fut vraiment au début du XXe siècle qu´elle a acquis sa pleine visibilité.
La participation féminine, par exemple, n´a pu être effective qu´à « Ce qui pose problème
dans les sports féminins, c´est l´implication tout en passion et en expressions
exagérées de la part de la campagne féministe. Celles qui sont à sa tête,
prétendent tout simplement annexer l´ensemble des attributs du domaine
propre à l´homme ; c´est de là que vient le fait que la femme ait
tendance à vouloir être l´égale de l´homme dans toutes les activités.
(…) Techniquement, les joueuses de football ou les pugilistes que l´on
a tenté de présenter ici ou là, ne présentent aucun intérêt ; elles
ne seront jamais que des imitations imparfaites. Il n´y a rien à apprendre
en les voyant Si l´on réussit à expurger avec diligence l´élément spectacle des sports féminins, il n´y a aucune raison de les condamner. On verra alors ce qu´on peut en tirer. Les femmes comprendront peut-être aussitôt, que cette tentative n´est guère profitable ni pour leur plaisir, ni pour leur santé. D´un autre côté, il est toutefois intéressant que la femme puisse prendre part, dans une bonne mesure, aux plaisirs sportifs de son mari et qu´en tant que mère, elle puisse diriger intelligemment l´éducation physique de ses enfants. »[2] De nombreuses pratiques de l´univers de la culture physique soulevaient des suspicions lorsqu´il s´agissait des femmes : sueur excessive, effort physique, émotions fortes , compétitions, rivalités, muscles bien formés, les mouvements libres du corps en spectacle, et des vêtements légers découvrant une semi-nudité. Tout contribuait à donner l´illusion que les limites données à l´image de l´être femme étaient dépassées. De plus, toutes ces pratiques semblaient rendre instable le terrain créé par , et maintenu sous le domaine masculin, qui justifiait par la biologie du corps et du sexe la supériorité qu´ils avaient sur elles. Au Brésil, même à l´époque où ´soufflaient des vents de modernité, ces paroles avaient cours, et les villes étaient agitées par une métropolisation dont le rythme effréné faisait bouillir tous les espaces de circulation publique : l´espace urbain se voyait redessiné et l´énergie physique des individus réorganisée.[3] Au cours des premières décennies du XXe siècle, l´éducation du corps était reconnue comme essentielle à la force et au développement de la nation, puisqu´on y voyait la potentialisation d´un geste efficace capable de produire plus en moins de temps[4]. C´est la raison pour laquelle on a vu une restructuration des pratiques quotidiennes, tant des femmes que des hommes, au travail comme dans les loisirs, qui permettait de multiplier les moments libres quotidiens et par conséquent ceux réservés aux activités sportives, qui étaient considérées comme un moyen d´exhiber son corps et d´en faire un spectacle. C´est à cette époque que l´on vit proliférer dans les villes, les clubs de récréation, les associations et fédérations sportives, les championnats et présentations athlétiques…endroits et occasions destinés à la performance des corps éduqués et dessinés pour l´exercice physique. À l´expansion galopante de la pratique sportive, s´est joint le désir de se voir inséré-e au plan international. Le Brésil voulait absolument prendre part au spectacle lorsqu´il participa pour la première fois aux Jeux Olympiques de 1920 ; mais , ce fut seulement en 1932 qu´il envoya une athlète. [5]
Notons ici, que même si les femmes brésiliennes n´ont pas commencé à pratiquer
les sports à Le fait qu´il était habituel de les considérer comme des êtres de nature très fragile, à cette époque, et qu´elles convenaient plus à assister, qu´à pratiquer les sports à niveau de compétition, ne les empêchait cependant pas, comme je le faisais remarquer plus haut, de présenter des exhibitions sportives en public.20 L´une des raisons de cette représentation féminine, était lié à ce que le corps féminin s´était fortifié, comme nous l´avions déjà noté, qu´il était capable de gérer des individues fortes et en bonne santé, et de ce fait, pouvait remplir leur mission vis-à-vis de leur patrie. La crainte que les femmes avaient de perdre leur dignité, pour avoir exposé et spectacularisé leurs corps, devenait le fantôme des familles, tout particulièrement de la bourgeoisie. La pratique sportive, les soins donnés à l´apparence, le corps dénudé et l´utilisation d´artifices esthétiques, par exemple, étaient considérés comme éléments d´impulsion à la modernisation des femmes et de leur auto-affirmation au sein de la société, mais aussi son contraire, comme révélateurs d´une nature vulgaire, proche de l´univers du déshonneur et de la prostitution. Divers discours progressistes et moralistes, remplissaient avec enthousiasme et émotion, les publications destinées au public féminin. Ils tentaient de séduire, mais aussi de défier les femmes, tant pour qu´elles exhibent leurs corps, que pour les cacher. Ils créaient de toutes pièces de nouvelles manières de prendre soin de soi et encourageaient, en la minimisant, l´exhibition publique de leurs corps, assimilée à l´univers païen d´impuretés et d´obscénités. Si d´un côté ils critiquaient le manque d´exercices physiques, l´excès de vêtements et l´enfermement au foyer, de l´autre, ils rognaient tout acte qui pouvait être considéré osé. Ces discours soutenaient la création d´une « nouvelle femme » : moderne, efficace, compagne, responsable et capable de faire face aux défis posés par les temps nouveaux. Malgré tout, la représentation de cette « nouvelle femme » laissait peu de place à la construction d´un réel projet d´émancipation féminine, puisque ses « conquêtes » devaient s´ajuster à ses devoirs. Il lui était nécessaire d´oser, mais sans pour autant oublier de préserver ses vertus, ses caractéristiques gracieuses et féminines et encore moins de se soustraire à l´accomplissement de ses « devoirs », dont on lui avait rebattu les oreilles au cours de son existence, comme lui étant « naturels » : s´occuper du foyer et des enfants. Waldemar Areno, médecin réputé à cette époque, déclarait : « N´importe quelle femme saine de corps et d´esprit, possédant une morphologie adéquate pour tel ou tel sport et d´évidentes aptitudes en vue de l´une ou l´autre épreuve, peut sans aucun doute s’adonner au sport et entrer dans la compétition. Il est nécessaire, cependant, que des principes généraux soient observés fidèlement : les bases fondamentales d´hygiène des exercices physiques ne peuvent être ici oubliées, car comme pour tout autre travail physique, une nécessité impérieuse s´impose – celle de l´adaptation des exercices – (…) L´architecture mécanique de la femme et la nature des finalités auxquelles elle se destine, impliquent un choix de sports proches de ses nécessités, qui puissent éveiller et améliorer les qualités requises, permettant d´assurer aux pratiquantes une évolution générale harmonieuse, dont le but principal est la beauté – qualité primordiale de la femme – beauté qui s´appuie sur la santé générale et intégrale, associée au parfait développement des qualités morales.[6] Territoire traversé d´ambiguïtés, le monde du sport fascinait, mais en même temps inquiétait femmes et hommes, non seulement parce qu´il contestait les discours qui légitimaient les limites de conduite propre à chaque sexe, mais aussi dans la mesure où ses rituels faisaient vibrer la tension qui existe entre la libération et le contrôle des émotions, ainsi que les représentations de féminité et de masculinité. Ces craintes, conduirent en 1941 le Général Newton Cavalcante, à présenter auprès du Conseil National des Sports, un certain nombre d´instructions qui rendaient nécessaire un règlement sur la pratique des sports féminins. Ce fut la base pour l´élaboration d´un document[7] qui officialisait l´interdiction faite aux femmes, de participer à certaines pratiques comme les luttes, la boxe, le saut à la perche, le triple saut, le décathlon et le pentathlon. D´autres furent permises, mais restreintes par certaines limites. L´aviron, par exemple, ne pouvait être pratiqué qu´en dehors de toute compétition, et seulement aux fins thérapeutiques de correction de défauts organiques ; certaines épreuves d´athlétisme étaient autorisées, dans la mesure où elles n´exigeaient pas autant d´efforts que pour les hommes. Finalement, l´intention était claire ! Il suffit de lire les considérations finales du document : « Il leur est absolument interdit de pratiquer le football, le rugby, le polo et le water-polo, car ce sont de sports violents qui ne sont pas adaptés au sexe féminin.[8] Même si ce document et d´autres à l´avenir[9] ont été officialisés, il faut admettre que la vie leur a échappé. Les pratiques sportives ont séduit et mis à défi beaucoup de femmes qui, indifférentes aux conventions morales et sociales, se sont lancées dans leur pratique, en ignorant le discours hégémonique de l´interdiction ou tout simplement l´encouragement fait aux modalités sportives qui fortifient le corps, sans en détruire la féminité. Il faut souligner ici, que dans un contexte d´urbanisation et de l´apparition de valeurs et de comportements liés à la modernisation du pays, les activités physiques pour les femmes étaient devenues importantes pour la société. Elles étaient considérées comme un facteur important, dans l´acquisition d´un corps esthétiquement beau et en santé, apte à faire face aux réalités de la vie moderne, y compris celle de la maternité. En conclusion, pour la femme féminine et mère, la beauté est synonyme de santé et d´organes génitaux adéquats à la fonction reproductive. C´est la raison pour laquelle les exercices physiques et les sports recommandés ne pouvaient mettre en danger une vie en formation. Avec un tel discours, il est évident que le football, les luttes et l´haltérophile, par exemple, étaient (et le sont encore bien souvent) considérés comme des modalités dangereuses pour le corps et le comportement féminins. Outre les périls physiques imaginaires que ces sports pouvaient causer, on voit aussi se profiler celui de la « masculinisation » des femmes. Tout ceci semble suggérer que la crainte ne se limitait pas seulement à des altérations du comportement et de la conduite des femmes, mais aussi à leur apparence même, une femme n´étant que l´extériorité de son corps. Ce que ce discours paraissait suggérer est encore identifiable aujourd´hui, dans certaines réminiscences de ce type de discours. La spectacularisation du corps féminin, qui est acceptée et encouragée dans certaines occasions, dans d´autres devient suspecte : le terrain de football, le ring des luttes. Ces espaces remettent en question une certaine représentation de la féminité construite et ancrée dans l´exaltation des attributs dits féminins, comme d´être gracieuse, posséder une certaine harmonie des formes, la beauté, la sensualité et la délicatesse. Lorsque le corps féminin se voit transformé par l´exercice physique et l´entraînement assidu, on lui attribut des caractéristiques viriles qui remettent non seulement en question la beauté et la féminité de la femme, mais aussi son appartenance au sexe féminin. Après tout, le corps et le comportement masculins, ne sont-ils pas le modèle à partir du quel ceux de la femme se retrouvent jugés et stigmatisés, s´ils dépassent les limites conventionnelles qui leur ont été imposées. Dans cette perspective, si une femme ne ressemble pas à une femme, c´est parce qu´elle est un homme. Ou pire, un demi-homme.[10] Mais, comme il existe des formes de résistance et de transgression à tout ce qui est culturellement institué, les femmes sont depuis longtemps actives dans tous les sports. Elles vont aux stades, assistent aux championnats, suivent et divulguent les nouvelles, s´entraînent, font des commentaires, arbitrent des jeux, entraînent et composent des équipes dirigeantes, bien qu´en nombre bien inférieur à celui des hommes[11]. Il est cependant indéniable qu´elles sont présentes dans l´univers des sports…et très nombreuses. Il est nécessaire de se poser une question : dans la mesure où le domaine sportif représente un espace de spectacularisation et d´éducation du corps, quels effets peuvent produire une participation des femmes dans un univers culturellement virilisé ? Serait-ce que la spectacularisation des performances féminines, n´étant plus liée à la préparation à la maternité comme dans le temps, puisse constituer un espace d´expression, de liberté ou d´inclusion d´un idéal pour le corps, valorisant la beauté, la jeunesse, la performance et le rendement athlétique ?[12] Á cette question, il existe de nombreuses réponses et toute généralisation serait téméraire. Beaucoup plus qu´une réponse, retenons la question qui se pose à la fin de ce texte. Après tout, nous ne pouvons oublier que dans la société contemporaine, le sport est la scène privilégiée qui expose les corps et en les exposant, éduque d´autres corps. Ils sont éduqués pour consommer des produits et des services, promouvoir des marques en défilant, padroniser des gestes, à se commercialiser, fabriquer des images héroïques, exprimer des émotions, ultra passer des limites, créer des nécessités et finalement vendre le sport lui-même,[13] comme étant l´un des produits d´une société qui valorise le spectacle, la consommation, l´esthétique et la productivité. Au-delà des éventuelles critiques faites au sport et à la spectacularisation des corps performants, il est nécessaire ici de souligner l´importance de la conquête des femmes, dans un tel contexte plein d´ambiguïtés. Je parle de conquête, pour montrer à quel point les protagonistes, entre ruptures et acceptations, ont fait et font encore l´histoire du monde des sports, sans pour autant attendre une quelconque concession masculine. Finalement, le sport est aussi un champ ouvert aux disputes, où depuis longtemps les femmes ont investi magistralement leurs efforts et leur discipline, sans s´arrêter à une simple spectacularisation de leurs corps. Références : ARENO, Waldemar. Os desportos femininos, aspectos médicos. Revista Educação Physica n.º 68, setembro de 1942. CONDENADAS AS PROVAS DE MEIO FUNDO E FUNDO EM NATAÇÃO E ATLETISMO PARA MULHERES. Revista Educação Physica n.º 59, outubro de1941. COUBERTIN E OS ESPORTES. Revista Educação Physica n.º 21, agosto de 1938. CUNHA JÚNIOR, Carlos, ALTMANN, Helena, GOELLNER, Silvana
V. e MELO, Victor Andrade de. Women and sports in GOELLNER, Silvana V. Bela, maternal e feminina: imagens da mulher na Revista Educação Physica. Ijuí: Editora Unijuí, 2003. LANCELLOTTI, Sílvio. Olimpíadas 100 Anos: história completa dos Jogos. São Paulo:Círculo do Livro, 1996. LENK, Maria. Braçadas e Abraços. Rio de Janeiro: Gráfica Bradesco, 1982. MULHERES BRILHAM MAIS QUE HOMENS EM SYDNEY. Folha de São Paulo, 01/10/200. Disponível em http://www1.folha.uol.com.br/folha/olimpiada2000/ emcimadahora/outrosesportes/ult315u888.shtml Acesso em 06 de fevereiro de 2004NOGUEIRA, Cláudio. Usina de sonhos e de dinheiro. Caderno e esportes. Jornal O Globo, 26 de dezembro de 2003. PFISTER, Gertrud. Líderes femininas em organizações esportivas – tendências mundiais. Revista Movimento, volume 09, número 2, mai-ago, 2003. SEVCENKO, Nicolau. Orfeu extático na metrópole: São Paulo, sociedade e cultura nos frementes anos 20. São Paulo: Companhia das Letras, 1992. SOARES, Carmem. Educação Física: raízes históricas e Brasil. Campinas: Autores Associados, 1994. SOARES, Carmem. Imagens da educação no corpo. Campinas: Autores Associados, 1999. Biographie : Silvana Vilodre Goellner, PhD. est professeure au Département d´Éducation Physique à l´Université Fédérale du Rio Grande do Sul et du programme de Post-graduation en Sciences du Mouvement Humain de cette même institution. Coordinatrice du GRECCO (Grupo de Estudos sobre Cultura e Corpo) et directrice du Centre de la Mémoire du Sport (UFRGS), elle est l´auteure du livre Belle, maternelle et féminine : images de la femme dans la revue Educação Physica (Editora Unijuí, 2003) et organisatrice (avec Guacira Lopes Louro et Jane Felipe Neckel) de Corps, genre et sexualité : un débat contemporain en éducation. Vozes, 2003. [1] Les premiers Jeux Olympiques modernes ont eu lieu en 1896 à Athènes. En 1900, ce fut le tour de Paris d´accueillir ces Jeux, où l´on a vu 16 femmes pratiquant uniquement le golf et le tennis. À Saint-Louis en 1904, seules 6 femmes y ont participé dans l´unique modalité du tir à l´arc. En 1908 à Londres, on vit la participation de 36 femmes, au tir à l´arc, patin et tennis. À Stockholm, en 1912, on compta 57 femmes sur 2548 athlètes. Pour la première fois, on accepta la natation féminine, malgré les réactions hostiles de groupes conservateurs, qui les accusèrent d´être des « femmes sans morale ». Seulement 64 femmes participèrent aux Jeux Olympiques d´Anvers en 1920, puis 136, à Paris en 1924. Les Jeux d´Amsterdam (1928), avec 290 athlètes, virent la participation des femmes monter à 10 % (Lancelloti, 1996). Enfin à Sydney en 2000, les femmes représentaient 40 % des athlètes. (Pfister, 2003). [2]“ Revista Educação Physica”, No 21, Août 1938, p.46, extrait de Pédagogie sportive, Lausanne, 1992. [3] Voir à ce sujet Sevcenko, 1992. [4] Voir à ce sujet Soares, 1994 ;1999 et Goellner, 2003. [5]
L´après-midi du 26 juin, 82 athlètes embarquaient à bord du bateau-cargo
Itaiquicê, en direction de Los Angeles, avec 55.000 sacs de café, dont
la vente dans les différents ports étrangers, devait assurer l´aventure
du voyage. Au moment des adieux officiels, les paroles de l´écrivain
Coelho Netto, grand admirateur des sports, résonnèrent : « pour
le Brésil, pour nous tous et pour notre rayonnement et notre gloire,
voici votre combat. N´oubliez pas les gars, que notre patrie représente
plus de quatre siècles d´énergie, d´amour et d´aventure, et que c´est
le Brésil que vous avez dans les muscles. » (Lenk, 1982 :
29). Mais ce n´était pas seulement des gars qui composaient la délégation
brésilienne. À bord de l´Itaiquicê, il y avait la nageuse de São Paulo,
Maria Lenk, première femme sud-américaine qui ait participé à
des Olympiades. La presse internationale en a donné les échos :
« Lone girl in Games, is 17 year old champion swimmer – her name: MARIA LENK” Los Angeles Times, 27 juillet 1932, p.22 (Ibid, p.30). 20 Dès la fin du XIXe siècle, on remarque que les femmes participent activement comme athlètes aux compétitions, dans des sports comme le turf, le cyclisme et l´athlétisme. Voir à ce sujet Carlos F. Cunha Jr,. Helena Altmann, Silvana Goellner e Victor A. de Melo (1999). [6] Revue “Educação Physica”, No 68, septembre 1942, p. 11. [7] Décret No 3199, du Conseil National des Sports, 14 avril 1941. [8] Revue “Educação Physica”, No 59, octobre 1941, p. 75. [9] En 1965, le Conseil National des Sports a institué la Recommandation No 7, qui divulguait des instructions à toutes les instances sportives du pays concernant la pratique des sports par les femmes. À l´article 2, il déclare que « la pratique de toute modalité de lutte, de football, de football d´intérieur, de football de plage, de polo aquatique, de rugby, d´haltérophilie et de baseball, est interdite aux femmes. » [10] Aujourd´hui encore, le thème de la masculinisation de la femme athlète revient constamment sur la sellette. Un exemple relativement récent est celui de l´athlète brésilienne de Judo, Edimanci da Silva, qui, au cours des Jeux Olympiques d´Atlanta (1996), a dû se soumettre à un test pour prouver sa féminité biologique, son apparence « féminine » étant considérée comme douteuse. [11] En quoi l´augmentation de la participation féminine aux activités sportives, tout spécialement à partir de la seconde moitié du siècle passé, a-t-elle pu changer quoique ce soit dans sa représentation aux charges de décision et de pouvoir ? Il reste encore un monde à conquérir…Voie Pfister, 2003. [12] Il n´est pas rare de rencontrer, tant dans les instances culturelles que sportives, des discours qui associent la participation féminine dans les sports, à l´acquisition d´un corps parfait. La presse sportive elle-même, représente un espace qui souligne ce lien. On ne peut oublier ici, que pour beaucoup de ces discours, la beauté pour une femme est une obligation. Un reportage de la Folha de São Paulo du 1er octobre 2000, intitulé « Les femmes brillent plus à Sydney que les hommes » nous donne une déclaration exemplaire : « L´une des épreuves les plus <attrayantes> fut celle du saut à la perche féminin, qui s´est disputée pour la première fois aux Jeux Olympiques. « La nord-américaine Stacy Dragila, l´australienne d´origine russe Tatiana Grigorieva et l`islandaise Vala Flofadottir, ont attiré l´attention de tous par leur talent et leur beauté. » Rien n´est dit sur le fait que cette conquête des femmes leur a permis de passer outre les préjugés qui, jusqu´alors, leur interdisait cette modalité, considérée dangereuse pour la plénitude du fonctionnement du corps féminin. Mais, l´insistance sur la beauté des femmes ne saurait manquer. Disponible à : http://www1.folha.uol.com.br/folha/olimpiada2000/emcimadahora/outrosesportes/ult315u888.shtml Accès le 06/02/2004. [13] Le reportage “Usine à fabriquer rêves et argent », publié par le journal O Globo du 26 décembre 2003, annonce la parution de l´ « Atlas du sport au Brésil ». Selon Lamartine Pereira da Costa, l´un de sés organisateurs, le sport est une industrie des loisirs qui brasse des milliards de dollars dans le monde, dont le Brésil, qui en 2003, a eu un budget sportif entre R$ 13 et R$ 20 milliards, ce qui correspond à 1,6% du Produit Interne Brut. Les données montrent également que si le PIB brésilien a connu une augmentation de 2,25%, celui des sports a augmenté de 12,34%, qui se compare aux apports de l´industrie pétro-chimique.
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