Labrys Éditorial Vous avez remarqué que votre revue labrys, études féministes a changé. En effet, nous ne pouvons plus assurer les traductions de tous les articles ; 5 numéros traduits au complet ont représenté un effort considérable et presque un exploit, étant donné nos moyens.. La revue maintient son numéro international d´identification ( issn) de la version brésilienne qui abritera dorénavant tous les textes. Nous avions une revue bilingue, trilingue au demeurant et nous avons maintenant une revue féministe multilingue. Si la mondialisation a tant d´effets pervers, peut-être dans notre cas le Net pourra-t-il créer une véritable opportunité d´échanges féministes en déjouant la barrière des langues. Brésilien, espagnol, français, italien, des langues latines qui ne demandent qu´un peu de bonne volonté, tellement les mots se croisent, s´identifient, se moquent des structures formelles des langues bien définies. Lire en anglais, c´est chose incontournable dans la vie académique ; c´est donc là notre « melting pot » ! . On nous assomme avec les conquêtes des femmes, les nouveaux droits, une nouvelle visibilité, une pleine citoyenneté. Mais lorsque nous faisons le bilan de la situation des femmes à niveau mondial, nous n´avons plus envie d´étouffer le cri de rage et de révolte devant tant de lapidations, assassinats, mutilations, privation de liberté et de droits politiques, ou tout simplement humains. Chez nous en Occident, domaine des femmes « accomplies », où sont vantées les nouvelles libertés, pourquoi les discriminations salariales, les doubles/triples/ infinies journées de travail, une représentation politique à peine existante, la violence qui déborde des foyers dans les rues, dans les mœurs, dans les regards ? ? Sans compter le statut des femmes dans certains pays, où elles sont marchandées, voilées, lapidées, excisées, troquées, mariées de force, brûlées et j´en passe ? Comment ne pas avoir honte de banaliser, de justifier, d´oublier le trafic et la prostitution des enfants, des femmes en général, dites « travailleuses du sexe » pour mieux apaiser les consciences et oublier la douleur du premier viol, cette douleur qui les accompagne toute leur vie ? Et qui nous brûle toutes de la marque infamante de la dépossession de nous-mêmes ? Comment oublier que tout cela se passe au nom de la « différence » des sexes, cette différence politique, créé de toutes pièces pour mieux contrôler, exploiter « au nom du père » ? Et Labrys dans tout ça, que faisons- nous de nous mêmes, de nos paroles ? Nous sommes ici pour dire NON, non à la connivence, non à la tolérance, non aux pactes de médiocrité, d´acceptation, de soumission. NON à la fin des féminismes. On est là pour dire notre vigilance, notre solidarité, mais aussi notre fatigue de ce constant retour en arrière, de ces femmes complaisantes, de cette mégalomanie de penser que la violence et la discrimination n´arrivent qu´aux autres. On a dit : « le temps ne passe pas , il s´enfuit ». Le temps nous manque, nous presse, nous avons l´impatiente de la liberté. Le dossier
tania navarro swain
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